Stérilisation définitive – part 1 : le 1er rendez-vous (tu la sens monter la rage ?)

Préambule

Ceci c’est un témoignage. J’étale ma vie intime, OK, mais dans un but informatif et dans l’idée de participer à faire évoluer les mentalités. Je répondrais volontiers et dans la mesure de mon expérience aux demandes à caractère informatif, je ne répondrais à aucune question d’ordre personnel. Je me réserve le droit de virer tous les commentaires qui ne me plairont pas.

Si vous intervenez sur ce témoignage sur ce site ou ailleurs, pour dénigrer, insulter, afficher condescendance, paternalisme ou je ne sais quel autre genre d’avis puant, je vous crache à la gueule.

Les méthodes de stérilisation féminine, quelle qu’elles soient sont DÉFINITIVES (très exactement, sauf dans certains cas avec chirugie réparatrice trèèèèès lourde et sans résultat assuré). 
Toutes les méthodes de stérilisation conservent le cycle hormonal naturel et donc, baaaah, on a toujours ses règles.

Bien rentrons dans le vif du sujet.


(2012-2013 / Sarthe)

Soudain, j’apprends, en 2012, que la stérilisation définitive comme méthode contraceptive est légale DEPUIS 2001 (Merci M. et merci doc Winckler). Alors que je galère comme beaucoup avec ma contraception. J’aurais su, croyez bien que ça aurait été fait depuis 2001. Enfin, dans la mesure où j’eusse trouvé un gynecologue compétent (i.e. : qui ne fasse pas passer ses idéaux avant son professionnalisme, qu’il maîtrise la technique et soit capable de m’informer).

La stérilisation est donc légale depuis 2001, pour toutes les personnes majeures, après un délai de réflexion de 4 mois et en théorie sans aucune autre condition (texte de loi).

À ce moment précis, j’étais plutôt contente d’habiter dans la Sarthe, car sachant que le progressiste Martin Winckler avait officié pendant un moment dans le service de gynécologie/obstétrique par lequel il faut passer pour voir les gyneco habilités à cette opération,  j’imaginais que le personnel soignant serait à cette image. Las.

Après passage chez le médecin généraliste (youpi, une étape de plus pour entendre les poncifs habituels quand on veut maîtriser sa sexualité dans quelque aspect que ce soit) pour obtenir un rendez-vous avec un chirurgien gyneco, j’ai eu un rendez-vous avec le soit-disant seul gynecologue qui « fasse ça » dans le coin (en fait non, mais je l’ai su que bien plus tard). Ce gyneco est donc un homme, chef de tout le service et plutôt jeune (je pensais que c’était une bonne chose).

Passées les formules de politesse, ma première phrase a donc été de dire que je venais pour demander une contraception définive.

Dès lors, c’est tout de suite parti en couille (rappelez-vous, le seul gyneco « qui fasse ça »…).

Il a immédiatement émis une réserve sur ma demande et formulé très clairement qu’il était contre cette solution et que cela lui déplaisait. J’ai alors rétorqué, très poliment, et sans me braquer, que si il ne voulait pas accéder à ma demande, je restais compréhensive, mais qu’alors, ce n’était pas la peine de poursuivre la conversation, que nous avions tous les deux autres choses à faire que perdre du temps (surtout moi, en fait).

Il m’a alors dit que même en désaccord avec moi et avec la méthode de contraception que je choisissais, il la pratiquerait quand même (note : obligation de la loi).

Plus de la moitié de l’entretien a alors été pour essayer de me convaincre de la pose d’un stérilet, et ce faisant, de me contraindre à changer d’avis (monologue du maîîîître de 10 bonnes minutes, donc…). 

J’ai refusé le stérilet, et confirmé mon choix de stérilisation. Il a alors admis que j’étais sûre de moi (cette validation, c’est genre, une étape pour pouvoir déclencher le délai de réflexion de 4 mois).

Il a très rapidement évoqué un seul  moyen de stérilisation (essure), quand il en existe plusieurs (plusieurs sortes de ligature et donc, essure, détails dans les docs en fin d’article) sans beaucoup d’explications en me disant : « de toutes façons, vous êtes au courant grâce à internet ». J’ai été choquée et démunie à la fois, car d’une part, je m’attendais à un cours magistral sur les méthodes, les avantages/inconvénients et à avoir le choix (c’est quand même de mon corps qu’il s’agit) ; d’autre part, comme je ne m’attendais pas à cette réaction, je me suis retrouvée sans question à poser (même si j’avais lu pas mal de trucs à ce sujet la veille, j’avais besoin de discuter !).

Il a donc décrété unilatéralement que la méthode qui serait utilisée serait essure, m’a expliqué qu’il procédait sans anesthésie locale que ça pouvait être très douloureux lors de la pose (mais j’avais l’impression qu’il estimait que c’était normal : « ça peut faire excessivement mal, mais ça ne dure que 5 minutes »), en faisant un test quelques semaines avant (si j’ai bien compris faire semblant de poser des implants) : j’ai trouvé cette façon très intrusive et très gênante. Peut-être est-ce ce qui est fait habituellement, mais je ne peux m’empêcher de penser qu’il y a d’autres façons de procéder plus douces et plus respectueuses. D’ailleurs, je ne sais même pas si c’est vrai ou si c’était une ultime tentative pour me faire changer d’avis.

Je n’étais pas du tout convaincue par cette méthode, ayant déjà une petite préférence pour la ligature (pour la bonne raison qu’elle nécessitait une anésthésie et que ça m’allait très très bien), et encore moins après ces détails !

J’ai émis l’avis qu’il existait d’autres méthodes : il s’est alors très agacé, et a proprement entrepris un travail de sape de la ligature, surtout par rapport à l’anesthésie générale (ils ont un vrai problème dans cet hôpital avec l’anesthésie) : insistant lourdement sur le fait qu’on pouvait en mourir (risque quand on est en bonne santé : quelques dizaines par million d’anesthésies) ; sur un ton destiné à me destabiliser, et à me faire changer d’avis. Très délicat, n’est ce pas ? Pas d’autre explication sur la méthode ou quoi que ce soit.

Durant toutes ses « explications » sur la stérilisation, il a continué à essayer de me convaincre de l’intérêt du stérilet. De guerre lasse, et c’est vrai, ne voulant pas m’avouer vaincue, j’ai dit que j’avais des suspicions d’allergie aux métaux (ce qui était vrai) ; qu’essure n’était peut-être pas très recommandée. Il a émis des doutes sur la possibilité d’une telle allergie (j’ai depuis appris que la prévalence de l’allergie au nickel était de 10 à 12% des femmes ! c’est quand même suffisant pour au minimum évoquer la question d’une telle possibilité pendant un entretien mentionnant essure !) ; mais à force d’insister, il a bien voulu me faire faire des tests d’allergie.

Je suis sortie de son cabinet sur ce dernier point. C’est le dermatologue devait me contacter pour prendre un rendez-vous. Ce qui n’a été fait que 2 mois plus tard, sur un courrier que le gyneco avait fait 1 mois après ma visite (encore une méthode pour me faire changer d’avis ?).

Chez le dermato, celui-ci m’a demandé ce que je voulais comme test d’allergie. J’ai trouvé ça curieux, mais je n’ai pas insisté ce premier jour, et j’ai juste dit qu’il fallait faire les tests d’allergie aux métaux. Je me suis rendue cette fois pour RIEN à l’hopital (1 heure de trajet AR et 2 heures de boulot en moins), car le protocole des tests « metaux » nécessitent 3 jours de la même semaine avec des intervalles précis, et comme on était un jeudi, baaaaaah… Bien joué. J’ajoute que la date de rendez-vous m’a été imposée par des gens sensément compétents.

La semaine suivante, le jour de la pose des patchs, le dermato m’a dit « bon alors, on ne fait que le cuivre ? ». Passons le fait qu’on me demande mon avis, alors que je n’y connais rien. Entre temps j’avais oublié que « essure » était un implant à base de nickel, mais j’ai quand même eu la présence d’esprit de dire : »non, je ne crois pas » et fort heureusement car ainsi il m’a fait les tests sur tous les métaux.

Et effectivement, depuis le début, j’avais bien eu raison d’insister car il se trouve que je suis très nettement allergique au nickel et « l’allergie au nickel est une contre-indication à la pose des implants Essure » ;  mais pas au cuivre (ce qui aurait certainement arrangé le gyneco, rapport au stérilet). Cette allergie au nickel m’a fait un peu réfléchir, je me suis franchement demandée ce qu’avait prescrit le gyneco. Du coup, j’ai demandé au dermato à voir le courrier du gyneco (un droit, tout comme celui d’avoir accès à son dossier médical complet dans quelque structure que ce soit), dans lequel, pensais-je, il y avait une demande de test aux métaux de l’alliage des implants ! Rien de tout ça ! Il s’est en fait contenté de transmettre au dermato uniquement le courrier adressé au généraliste relatant l’entretien que j’avais eu avec lui, sans demande explicite de test allergique et le seul nom de métal qui apparaisse dans courrier est « stérilet en cuivre ».

Dans le courrier que j’ai reçu par la suite du dermato, j’ai compris que ce dernier pensait me faire un test avant la pose d’un stérilet (ce qui prouve d’ailleurs qu’il a mal lu le courrier) ; bien que nous n’ayions absolument pas abordé le sujet durant les divers entretiens que nous avons eu (4 pour tout le protocole). 

Conclusion

  • je conteste la méthode d’entretien du gyneco,
  • je conteste l’absence de renseignements précis et détaillés,
  • je conteste la façon de présenter ces deux méthodes de stérilisation,
  • je trouve scandaleux d’avoir à réclamer un test d’allergie au nickel avant la pose d’implants essure et qu’il faille insister pour pouvoir le faire (même si le but était juste de me rassurer, j’estime que cela valait la peine et sûrement pas d’essayer de m’en dissuader)
  • j’estime que le dermato et moi-même avons été induit en erreur concernant les tests allergiques à effectuer par l’absence d’une demande explicite
  • Sortie de cette série d’entretiens : hors de question que ce gyneco qui m’a prouvé son incompétence me pratique quelque intervention que ce soit. Je n’ai absolument plus aucune confiance en lui.

à suivre…

Nota Bene 

En ce qui me concerne, à une exception près, dans mon entourage, personne ne m’a jamais gonflée avec les histoires (la contrainte ?) d’avoir des enfants et je n’ai pas vraiment subi cette exhortation sociale insoutenable. Au pire, on croit que je suis stérile et qu’il ne faut pas aborder le sujet (je sais pas d’où ça sort, m’enfin cet énergumène n’en est pas à un délire près concernant sa progéniture) ; et la seule et unique fois où on a essayé de me forcer à admettre que j’allais bien finir par sentir cette envie irresistible de procréer, ça a signer le glas de l’estime  que je portais à cette personne.

Je ne sais pas pourquoi on me fout la paix à ce sujet MAIS, c’est pas du tout comme ça que ça se passe pour la majorité des femmes. Les discours débilitants, paternalistes et stupides que m’a sortis le gyneco sont rabâchés à la plupart des femmes qui souhaitent prendre en main leur contraception (qu’elle soit définitive ou non) ou qui cherche à faire participer leur(s) partenaire(s) à la contraception. C’est usant, intolérable et inadmisssible. PERSONNE n’a à décider à la place de quelqu’un d’autre de la gestion de sa vie intime et PERSONNE N’A MÊME D’AVIS À DONNER.

LIENS (liste non exhaustive)

  • maintenant que vous en savez un peu plus vous pouvez signer en connaissance de cause cette pétition pour demander de meilleures infos au sujet de la stérilisation et une meilleure prise en charge et reconnaissance des volontés des femmes.
  • comment choisir sa contraception (stérilisation comprise), valable aussi pour les hommes…
  • articles de Martin Winckler/ Marc Zaffran sur la stérilisation : ici et
  • childfree (en français) blog recensant différentes expériences
  • la publication officielle sur la stérilisation (celle que le gyneco est sensé vous remettre) femme ou homme

8 réponses à “Stérilisation définitive – part 1 : le 1er rendez-vous (tu la sens monter la rage ?)

  1. Qu’il soit de mauvaise volonté et peu enclin à donner des informations, je m’y attendais (hélas), mais le coup du courrier à l’allergologue me laisse sur le cul ! C’est du sabotage. Veule et mesquin.

  2. la façon de s’adresse à moi (et à d’autres) était ignominieuse hein. Donc le coup du courrier…

  3. On sent bien la rage, oui, et on comprend largement pourquoi !
    M’a fait hésiter a poster deux commentaires ( sans intérêt majeur, il faut dire …)
    1: Bravo ! (de t’être battue sur ce chemin difficile, et de raconter )
    2: Avez vous discuté avec ton compagnon de la question « en avoir ou pas  » ?
    , qui est une simple question, et pas une remise en cause, et la réponse est facultative.

  4. Pingback: Stérilisation définitive – part 2 : le 2d rdv et l’opération (faut s’accrocher) | Corps et tête autonomes

  5. J’avais lu un autre témoignage tout aussi édifiant (et que je ne retrouve plus) dans lequel la personne s’était vu refusée l’intervention parce qu’elle se ne voulait pas demander l’accord de son compagnon… Après tout, c’est pas comme si c’était son corps à la dame…
    Merci en tout cas !

  6. tout à fait Hervé, je n’ai pas du tout apprécié dans l’article précité, le jugement de valeur masqué. Cependant, je trouve dommage que par cette critique de l’article, l’auteur de la critique se justifie.
    mais c’est difficile de choisir : se taire pour ne pas avoir l’air de se justifier ou dire qu’on n’est pas d’accord et là on a tendance à mettre des exemples qui ressemblent à des justifications…

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